La revue littéraire Lettres Capitales en ligne dirigée par Dan Burcea publie une très belle “tectonique des fluides”, mise en mots par Anne-Catherine Blanc
Anne-Catherine Blanc offre de bien belles vues sur la structure fluidifiante de “Trafic”, ce roman qui offre au lecteur ce corps solide et ses déformations, transfigurées en superbe prétexte littéraire “tout à l’écriture”.
La tectonique des fluides
par Anne-Catherine Blanc
Une nuit de fête, Vincent croise Manon sur un balcon, et il se noie.
Innombrables sont les récits autour de la femme fatale ; la baptiser Manon, c’est se référer d’emblée à un archétype. Que broder sur ce thème, qui ne soit pas galvaudé ?
Galien Sarde relève le défi.
Outre son héroïne, Trafic recèle tous les accessoires, les décors du roman noir : s’identifiant à Vincent, le lecteur y partira en quête d’un film mystérieux, puis d’un trésor en billets verts, objet de toutes les convoitises. Sans surprise, il se verra remettre de faux papiers d’identité. L’indispensable pistolet sera tout prêt dans la boîte à gants. Virevoltant d’un hôtel louche de la Nouvelle-Orléans à un palace monégasque, il traversera au passage, via le tube d’espace-temps d’un avion en détresse, un Paris nocturne et festif où la narration, quand elle s’aventure hors d’un appartement au luxe feutré, se faufile d’escaliers de secours en parkings souterrains. Il croisera des types douteux auteurs de sourdes violences, et beaucoup de chemises hawaïennes. Il s’éprendra de Manon si belle, à chaque page plus fragile, désorientée, évanescente et cependant, infiniment libre. Le narrateur omniscient ne consent que bien peu d’indices mais, bon prince, dispense libéralement le kit complet du parfait petit polar, à assembler au fil des pages.
Un roman hitchcockien
Heureusement, Galien Sarde fait partie de ces auteurs qui présupposent que le lecteur possède une certaine dose d’intelligence (il faut lui en être reconnaissant, car ils se font rares). Oui, il offre en kit ce roman hitchcockien en diable… mais sans notice de montage.
Pourquoi hitchcockien ? (…) LIRE LA SUITE